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LE CHANTIER DES CHÂTEAUX D’OTTROTT |
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Depuis une trentaine d'années, cet extraordinaire site féodal est pris en charge par l’association Chantiers d’Études Médiévales. Vers 1970, le chantier s’était ouvert dans une forêt vierge et les murs étaient mangés par le lierre. C’est dire le travail de défrichement qui a été nécessaire pour rendre le monument vraiment accessible au public. Ce travail d’entretien se poursuit d’ailleurs chaque année pour garder au site un aspect de grand jardin.
Pour conserver l’environnement en bon état, le parti a été pris de tracer des allées de circulation autour des ruines et de reconstituer des jardins là où les fouilles les laissaient deviner. Dans le château oriental (Lutzelbourg) a été rétabli un jardin de la Renaissance sur une terrasse qui avait été artificiellement accumulée à cet effet vers 1530. Dans le château occidental (Rathsamhausen) a été réalisé un jardin « médiéval », il y a vingt-cinq ans déjà ; ce n’est pas une reconstitution idéale, mais un programme botanique présentant la flore culturelle des châteaux des Vosges, recueillie du sud au nord de l’Alsace.
A côté des importantes fouilles qui se sont déroulées en plusieurs campagnes sur l’ensemble du site, ont été réalisés régulièrement des programmes de stabilisation des ruines. Durant ces trois dernières années a été entreprise la consolidation systématique de l’enceinte haute du château oriental (Lutzelbourg). Après la face sud-ouest et sud, c’est la face orientale qui est en train d’être engagée.
A l’heure où l’on ne parle que de réutilisation, de reconstruction, de modernisation, de transformations et de béton, il a paru nécessaire de prôner qu’un château-fort peut avoir pour objet « économique » de montrer simplement ce qu’est un château-fort ! Les visiteurs sont en effet suffisamment intéressés à savoir comment fonctionne une demeure seigneuriale sans avoir besoin de trouver à celle-ci une destination qui exige des transformations lourdes et des verrues indélébiles à prétention artistique. Il peut certes être nécessaire de trouver des fonctions à certains édifices pour en assurer leur survie. Mais trop souvent on plaque une destination qui est hors de propos et qui ne sert que de prétexte à des néo architectures qui sont toujours détestables dans un lieu historique. Car les décideurs (qui oublient de demander notre avis) nous gratifient d’assez de béton au quotidien. Ce que nous attendons d’un monument, c’est un témoignage pédagogique sur ce qu’il représente dans l’histoire de l’art. C’est une qualité qu’on lui enlève si on le transforme. En en faisant un objet de mode, on le jettera demain, parce qu’il ne correspondra plus qu’à une esthétique ponctuelle (une pompe à impôts) et que le goût aura changé. Et pour ceux qui prétendent que notre époque a tous les droits architecturaux, nous répondons : que l’on fasse donc à Notre-Dame et à nos cathédrales, à Chambord et à Versailles ce qu’on s’est permis à Falaise, et on verra où s’arrête le droit de quelques-uns à rendre inesthétique la vie de tous les autres.
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Les Châteaux d'Ottrott |
